Mi-mars, comme je vous l'avais dit, on m'a envoyé 1 semaine à L.A. et N.Y.C avec une collègue et la représentante de Kyoto.
Le voyage était au départ prévu pour 10 jours, avec vols directs sur la JAL et supers Hôtels, mais à cause de la catastrophe du 11 mars, le Japon a annulé sa participation au Travel Show de Los Angeles et à de nombreux autres évènements. On a failli complètement annuler notre voyage, puis 2 jours avant le départ on nous a annoncé qu'il était finalement maintenu, et on nous a réservé des vols en dernière minute.
Sur Delta Airlines... une compagnie américaine, que je vous déconseille FORTEMENT : appareil tout sauf confortable, pas de télé individuelle (pour un vol aussi long !), juste un mini écran en bout de salle, des écouteurs pourris avec lesquels on se détruit les tympans, bouffe VRAIMENT dégueu et servie en nano-portions, très petit choix de boissons (vin servi dans des goblets en plastic Coca-Cola..), les placards du haut sont à moité condammnés (un pauvre papier scocthé écrit à la main indique qu'ils sont occupés par le staff), donc faut aller trouver soit même de la place, là où on peut, 10 sièges plus loin... Tout ce qui leur reste, c'est que le staff est plutôt sympa, mais pas pro du tout, à la masse quoi. La moitié ne porte même pas d'uniforme ou des uniformes dépareillés, les cheveux en bataille..
Je sais pas mais quand je prends l'avion, j'aime bien cette fausse impression de faire un truc de privilégié, ambiance cinéma, et avoir des hôtesses classes et impec.. bon là j'ai plus eut l'impression d'avoir fait 20h de bus dans la cambrousse... et je comprends mieux pourquoi la Class Affair ne doit pas être un luxe quand on prend l'avion pour aller bosser ! (On a pris 5 fois l'avion, le taxi, le métro, le shinkansen, le bus, la voiture en 6 jours...)
Le dimanche matin, on a pris l'avion d'Hiroshima à Haneda, puis le bus jusqu'à Narita. J'avais jamais vu des queues pareilles devant les guichets, la notre faisait le tour quasi-complet du grand hall de Narita. 98% d'étrangers, avec 7 ou 8 énormes valises chacun, les enfants, les animaux de compagnie en cage, des gens qui rentraient définitivement chez eux donc, ce qu'on a appelé après les "Flyjin" dans la presse. Ca aboyait et ça miaulait dans tous les sens, une drôle d'atmosphère. Quand l'agent de l'immigration a vu mon "re-entry permit" sur mon passeport, il m'a fait "Mais vous allez revenir ??!!!".
A ma droite, côté hublot, j'avais une jeune lycéenne japonaise de 16 ans (putain pile la moitié de mon âge! !) qui a pleuré comme une madeleine pendant toute la 1ère heure du vol. A chaque fois que les hôtesses passaient prendre commande, elle parlait à voix tellement basse que j'étais obligée de lui faire répéter dans mon oreille et de transmettre au staff. Puis vient le moment de remplir le questionnaire, elle a sorti un stylo, puis... grand blanc de 20 min, à regarder autour d'elle à la recherche d'un homme en cape qui vienne la sauver. Avec mon voisin de gauche, un japonais, on a fini par lui demander ce qui n'allait pas et presqu'en sanglots, elle nous a expliqué qu'elle n'y comprenait rien. Nan mais c'était pas une interro surprise ! de simples questions type nom, adresse aux Etats-Unis, etc.. et le tout écrit en japonais en plus. Mon voisin lui a donc rempli sa fiche. On a appris qu'elle partait pour quelques mois d'immersion dans une famille à Santa-Barbara, je crois que ça va lui faire un grand bien. Elle nous a fait des courbettes à n'en plus finir à l'atterrissage.
On est arrivé épuisées, après avoir attendu 2h nos valises à l'aéroport et avec 16h de décalage horaire dans les pattes. Voilà ma chambre au Hilton Aeroport. Je sais pas si c'est parce qu'il y avait une tempête de pluie, que j'avais l'impression que notre hôtel était au milieu de nulle part, et qu'il y avait des grooms de partout, mais j'ai trouvé l'ambiance un peu glauque, lynchéenne. Un mélange d'ambiance Mulholland Drive, Shining..
L'après-m, mes 2 collègues sont allées faire un tour au Travel Show, moi j'ai préféré me reposer. Et le soir, on a mangé sagement au resto de l'Hôtel. un bon Steackhouse Burger des familles et une salade partagée à 3 qu'on a eut du mal à finir. Ca m'avait déjà fait rire ça la première fois aux Etats-Unis (y a 16 ans !), ces restos faussement guindés, lumière over-tamisée, longues napes blanches mais avec des gens qui mangent des hamburgers et boivent des sodas à la paille dessus.
A Los Angeles, j'ai trouvé où que ce soit, le staff particulièrement sympa et chaleureux, plein de blagues, du genre je me prends pas DU TOUT au sérieux. Partout des "how u doing today ?", habitude japonaise, je me demandais presque s'il fallait répondre ou le prendre comme les "Irrasshaimase" qu'on nous lance à l'entrée des magasins. Les "you guys" à tout bout de champ (qui dans ma tête sonne comme "hé les mecs" alors qu'on est 3 filles).
Le lendemain matin, notre chauffeur et K-san la réprésentante de Kyoto à Los Angeles sont venus nous chercher pour la 1ère journée de boulot. Alors K-san c'est une sorte d'Amanda Lear japonaise americanisée. Elle devait sans doute avoir pas loin de 60 ans, mais le visage complètement refait : nez pointu à l'occidentale, pommettes exagérement remontées, un peu comme les personnages féminins censés être jolis dans les Simpsons.
Un moulin à parole et à rire inarrêtable, et alors qu'on était tous en manteaux, elle en manche courte nous lançait toute les 5 minutes "Holala, vous avez pas chaud vous? qu'est-ce qui fait chaud !" (Mouahahaha).
Elle nous a aussi fait le coup du botox je crois un matin : les petites rides au dessus de la lèvre supérieure avaient disparu comme par enchantement, et elle riait avec un air crispé tout en se tripotant au dessus de la bouche.
Mais enfin très rigolote et attachante comme femme, contrairement à tous les japonais vivant aux Etats-Unis que j'ai pu rencontrer et qui se prennent pour des parvenus. "Regardez comme je maîtrise bien l'anglais, comme je suis pas timide, comme je bois plein de Coca, regardez comme je rie plus fort que tout le monde quand quelqu'un sort une blague en anglais que j'ai comprise avant vous" "Regardez comme je jubile quand je vois un (plouc de) japonais resté au pays être gêné et faire son timide"
Notre voiture, petit arrêt visite de Redondo Beach
A-san, K-san et J-san, ma collègue de la mairie d'Hatuskaichi
On a donc été faire des Sales Calls dans 4 agences de voyage / tout operators : nous devions tour à tour faire notre présentation Power Point et répondre ou poser des questions.
J'ai réalisé dès le 1er rendez-vous, que tout était à refaire pour la présentation d'Hiroshima/Miyajima, et qu'on était complètement à côté de la plaque. Déjà je lisais mon texte alors que les autres connaissaient leur truc par coeur.
Mon texte était d'un chiant pas croyable, pas du tout vendeur (j'ai juste repris le texte écrit par un mec de la Préfecture en le modifiant un peu, mais c'était complètement OUT), je voyais les gens bailler aux corneilles pendant mon intervention. Puis la représentante de Kyoto avait apporté des cadeaux pour les agents et de magnifiques brochures.
Ce qui nous a sauvé, c'est les images que j'avais préparées et qui ont fait bonne impression sur l'auditoire.
Des écureuils qui sont venus nous accueillir à l'entrée d'un immeuble. Les écureuils semblent être à LA, ce que sont les biches à Nara et Miyajima.
Voilà ce que j'ai principalement vu à Los Angeles : des kilomètres de route, des fast-foods et des zones commerciales, ça ressemble à un grand Plan de Campagne, les palmiers en plus.