1°- surtout ne pas paniquer : puisque que ce n'est pas vous qui passez l'appel, c'est plutôt votre correspondant qui sera en charge de parler.
2°- rester patient : avant d'en venir aux faits, la personne va commencer pas se présenter ; ça peut être assez long : nianiania-ta nianiania-ko (les noms de familles japonais se terminent souvent par -ta : le champ, la rizière et les prénoms de femme par -ko : kanji de l'enfant) de la société machin en charge de la section bidule du sous secrétariat de l'aile droite du bâtiment bla bla bla...
Le tout ponctuer de "desu kedoooo" (terminaison de phrase polie, pour résumer),
3°- ensuite la personne va vous résumer les épisodes précédents (vous pouvez en profiter pour aller boire un café, faire pipi...), en faisant de belles poses entre chaque paragraphe (les "ma" je reviens dessus après), puis finalement, si vous n'avez pas encore craqué en posant une question pour faire avancer le schmilblik avant la fin de ce long énoncé (comme je l'ai déjà expliqué au Japon la moindre explication prend des heures), vous vous en tirez toujours bien, vous n'avez pas eut besoin de parler, juste de ponctuer les phrases de l'autre par des "hai.." (oui - je suis la conversation - je vous comprend, même si vous ne saisissez au vol qu'un mot sur 3),
alors seulement viendra votre tour d'intervenir.
4°- en général, bien avant qu'on en arrive à cette étape, vous savez de quoi il s'agit, vous avez eut le temps de vous mettre à l'aise, dans le bain. Je suppose de plus que lorsque ces personnes adressent un appel à un étranger, ils adoptent un rythme plus lent et certainement des tournures ou mots plus simples que d'habitude.
Là ce sera généralement de simples questions auxquelles il vous suffira de répondre.
La 1ère fois que j'avais eut ce genre d'appel, la poste qui m'appelait pour me dire qu'ils avaient retrouvé mes colis, j'étais un peu trop paniquée, pensant que comme dans une conversation téléphonique française, mon tour de parler viendrait plus tôt, et ayant peur de ne pas tout comprendre, ça avait donc été un peu laborieux, faisant répéter ou expliquant que je ne comprenais pas alors qu'on en était encore qu'au long monologue du début qu'il est inutile d'interrompre et que ma panique entrainais celle de mon interlocuteur déboussolé.
Hier, c'est un club dans lequel j'avais oublié une veste et un pull lors d'une soirée qui me rappelait pour me dire au final qu'ils les avaient retrouvés, quand ça me convenait de passer, qu'il fallait rappeler à tel numero, que ce mercredi ce serait bien, que le magasin n'était pas ouvert à heure fixe et qu'il fallait donc que je rappelle avant de passer. J'ai tout de même craqué avant la fin du 1er long passage en demandant "mais vous les avez retrouvé ?!"
Je reviens au "ma" : une amie m'a expliqué l'autre soir qu'en japonais on disait "ma ha daiji" (si je me rappelle bien), enfin cela voulait dire le "ma" est important. Ce sont ces poses très marquées entre et au milieu des phrases. Elle m'a expliqué qu'un bon comique ou un bon narrateur est celui qui sait bien employer ces "ma" et que la même histoire racontée sans une bonne utilisation des "ma" pouvait devenir plate ou inintéressante.
C'est justement ces poses qui m'inquiétaient lors de ce genre de coup de fil au début parce que je pensais que l'on attendait de moi une réponse à une question que je n'aurais pas saisie.
2 articles en 1 : je change un peu de sujet mais l'autre soir, je me suis faite abordée par une bande de suédois en visite au Japon, ne parlant évidemment pas suédois ni eux français, nous avons fait la conversation en anglais, mais cela faisait un bon bout de temps que je n'avais eut d'aussi longue conversation dans cette langue. A ma grande surprise (et honte), je me suis prise plusieurs fois à prendre l'accent japonais : l'anglais katakanaïsé : le katakana est le syllabaire employé pour retranscrire les langues étrangères telles que l'anglais, mais n'utilisant que des syllabes japonaises, la prononciation s'en retrouve parfois très modifiée, à cela s'ajoute le fait qu'en japonais de nombreux mots d'origine anglaise on été introduits dans la langue, et qu"on les utilise donc quotidiennement avec un accent japonais faute de quoi on risque de ne pas se faire comprendre.
Je me suis donc surprise à dire des mots comme "aatisto" pour "artist" etc... un peu la honte quand même...